CAUSA ABSURDA
Centre Culturel Una Volta
Festival Bd à Bastia, édition 2023
Causa absurda
L'absurde
L'absurde dont parle cette exposition n'est pas métaphysique,
mais humoristique, léger, inconséquent.
Ce ne sont pas des univers absurdes utopiques,
des constructions kafkaïennes, comme les imagine Marc-Antoine Mathieu, par exemple.
Le non-sens n'est pas, dans les albums présentés cette année, le moyen d'organiser un ailleurs aux
lois étonnantes mais cohérentes. Les auteurs retenus pour Causa Absurda s'attachent davantage à dévoyer
le quotidien. La normalité et la banalité de la vie sont mises à mal par une carte de fidélité oubliée,
par exemple. Même quand un alien fait irruption, il est vite confronté aux trivialités de notre quotidien.
Idem pour les humains dotés d'un superpouvoir ou pour les animaux qui parlent.
Ce qui semble
amuser ces auteurs, ça n'est pas d'inventer des utopies / uchronies, mais d'envoyer leurs délires percuter
notre ordinaire ; et de le faire de la façon la plus imprévisible possible, jusqu'au vertige narratif.
Jusqu'à ce que le lecteur perde pied, et y trouve son plaisir.
Si on reporte cette façon de faire en
exposition : > Dans un premier temps, on pose un cadre a priori conventionnel, connu, avec ses codes
et ses normes... puis on le démantèle, et on y fait entrer des éléments sans aucun rapport avec l'histoire attendue.
Qu'est-il normal de trouver dans une expo ?
Qu'est-ce qui a habituellement du sens dans une expo ?
La scéno doit faire ce à quoi on ne s'attend pas, systématiquement.
Autant en BD, les incohérences
d'un récit dénotent, surprennent et semblent inhabituelles ; Elle font obstacle alors qu'on cherche
à recoller les morceaux, à comprendre le fil de l'histoire. Autant dans une exposition, l'événement
incongru est plus banal. Toutes les bizarreries semblent apprivoisées / domestiquées / normalisées /
régularisées par le simple fait d'être présentées dans un lieu d'expo, cadre ordinaire de propositions
plastiques décalées. Comment dérouter alors ?
*
A l'extérieur : Appel visuel
Depuis l'extérieur, quelque chose qui serve d'enseigne, d'appel, de teaser.
L'idéal pour cette partie,
c'est qu'elle soit incompréhensible, inexplicable, même d'un point de vue esthétique. Il ne faut pas que
cette installation soit prise pour un dispositif d'art contemporain, qu'elle participe d'une érudition,
d'une distanciation. Sans quoi on perdra son côté absurde.
Ne pas donner dans le spectaculaire,
ça ne correspondrait pas à l'approche esthétique des auteurs.
*
Plan de l'expo
Le plan du parcours, à mesure qu'on l'expérimente, peut lui aussi participer à ce que le public se trouve
dans une situation absurde, inattendu. Pour autant, il faudra pas mal de linéaire de cimaises, car les
contenus à accrocher sont nombreux. Dès l'accès au parcours, proposer une tonalité particulière (surtout
si par la suite elle est contredite par les péripéties du parcours). Donner, dans cette étape, de faux
repères, sur lesquels le visiteur pense pouvoir s'appuyer - et qui seront ensuite laissés de côté, exprès.
Accessoires et détails
Il faut utiliser de vrais objets, quand le non-sens joue sur des situations
décalées. Sinon, ça relève du décor, le non-sens ne fonctionne pas autant lorsqu'on est dans le domaine du
spectacle (où l'on s'attend à être surpris, sans doute). Le long de la visite, disperser des détails en embuscade,
pour que le récit parcouru ne soit pas monolithique, mais multiple, hétérogène, impur.