CAMMINI - BD ET ROAD-TRIP
La route
C'est le point commun à tous les road trips : La route, qui déroule son tracé.
Même si elle fait des méandres, c'est une dimension linéaire (on est au kilomètre 50, par exemple),
autour de laquelle des espaces s'articulent, comme le long d'une colonne vertébrale.
La route c'est différent du chemin, ou du sentier. L'automobile n'est pas présente dans tous les récits,
mais elle est souvent un des vecteurs de l'aventure.
Le sol
Sur quoi marche-t-on ?
Asphalte, graviers ? 2 pistes possibles :
1/ Ressentir, par le sol, la sensation de la route qu'on arpente
ou 2/ Penser toute la scénographie en paysage de papier, y compris le sol (Revêtements types sols souples, à l'aspect rappelant celui du papier).
Multisensoriel
Diffuser des odeurs : en dissimulant certains produits ou matériaux peu coûteux, ça semble faisable. Odeur de graisse (mécanique, garage), ou autre.
Audio
Son de véhicule qui passe (crescendo / decrescendo). Moteur, pneumatiques sur route. Pour suggérer un hors-champ, et « expanser »
le volume de la salle d'expo, avec le présence, en creux de l'automobile.
Coulisses
Si cela laisse suffisamment de linéaire pour
l'accrochage, on pourra raccourcir les salles d'UV, avec des cloisons ou voiles servant de
Généralités sur les cartels, la signalétique
D'une part, reprendre et détourner certains codes visuels associés à la route : Panneaux commerciaux, pancartes affichant 'complet' à l'entrée d'un motel,
tarifs des échoppes et horaires des stations services, panneaux indicateurs, signalisation routière, lignes au sol, pointillées, continues, flèches...
D'une salle d'expo à une autre, la signalétique indique les vraies directions à suivre, entre les étapes de la visite.
D'autre part, les supports
imprimés accompagnant le visiteur dans sa visite (cartels et notes sur les albums) semblent faire partie du voyage. Papier à en-tête d'hôtel, pages de carnets arrachées...
Les albums constituent autant de rencontres dans le road trip, et les commentaires à leur sujet semblent avoir été saisis avec "ce qu'on avait sous la main".
Ces documents jalonnent le parcours, et participent aux atmosphères campées par les décors.
Échelle
Le jeu des échelles est important :
Celle des lettres et images destinées à la circulation routière est décalée par rapport au graphisme qu'on trouve habituellement en expo.
Inversement, l'effet de perspective sera accentué en affichant des reproductions réduites de certaines planches ou dessins.
Accrochages
Les encadrements d'oeuvres originales sont en bois (baguette chêne section carrée sobre). Les albums sont répartis par salles, mais certaines
images ou planches d'un album 'Fiura' peuvent par exemple être reproduites en 'Mostra', dans une version plus étroitement liée à la scénographie.
Pour apparaître dans le contenu d'un faux affichage publicitaire, ou d'une réclame en bord de route.
Paysages de papier
Une série de
tableaux très différents les uns des autres est mise en place. Comme les chapitres d'un même récit, qui explore des lieux séparés, entre lesquels
il n'y a pas à proprement parler de continuité – l'imagination du visiteur comble des vides du « récit », comme lors d'ellipses au cinéma ou en littérature.
3 salles, 3 sas d'entrée pour doser la lumière dans les salles, qui mènent à 3 atmosphères très différentes. Les décors ne sont pas surchargés, ni vraiment réalistes.
Il s'agit plutôt d'évocations en creux, à la limite entre le théâtre et l'installation graphique.
La route, le point de fuite,
les lignes fuyantes sont mis en scène, en s'appuyant sur e des matériaux et des volumétries très simples. Par exemple, si le projet prend place
dans 3 salles d'Una Volta, on découvre ces 'points de vue' sur les horizons en entrant dans chaque salle.
Les lignes de fuite structurent les regard :
elles strient les murs, et figurent (de manière très stylisée, très graphique) l'horizon d'une route qui traverse de grands espaces.
Est-ce que les strates sont séparées par des entretoises, pour obtenir plus de relief ?
Les bandes colorées seraient réalisées en bandes de papier,
déchirées ou coupées net, puis collées sur les cimaises. C'est un univers de papier, mais qui se construit dans 3 dimensions. Le lointain (le ciel, au fond)
pourrait être réalisé en matériau translucide, qui permette la rétroprojection de motifs lumineux simples mais évocateurs : Disque solaire, nappe de brume...
C'est une mise en scène un peu théâtrale de la route. A quel point les atmosphères pourraient varier selon le même procédé ? Pour bien distinguer
les tableaux entre eux. Voir le travail de Bob Wilson, par exemple, sur la scène de théâtre, avec de grands aplats de couleurs sur cyclo,
et une grande sobriété pour les éléments de décor 'en dur'.
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Tableau 1 - La nuit
Depuis la rue, le visiteur entame
son voyage en entrant dans la galerie Una Volta, en passant derrière un rideau.
Une fois accoutumés à la pénombre, les yeux distinguent
une ligne d'horizon qui nivelle la salle. En face, cette ligne se découpe plus nettement sur un ciel légèrement lumineux. Quelques lueurs urbaines
scintillent au lointain. Sur la gauche, le ruban d'une route se perd dans la perspective.
L'endroit évoque une promenade surplombant la ville,
pavée de dalles (Le dallage en place à Una Volta est laissé apparent).
La lumière est bleutée, allusion à la nuit américaine du cinéma.
Sur la droite, une structure légère en claustra laisse filtrer le halo de deux phares de voiture. Dès cette première salle, l'automobile fait donc
partie du décor, sans toutefois être prépondérante.
On entend le bruit d'insectes nocturnes, par- dessus le chuintement d'une circulation automobile distante.
Les lignes d'horizon sont fabriquées en papiers déchirés de teintes diverses, collés le long des parois. La mise en oeuvre est très simple.
En certains endroits du panoramique, les strates sont décalées les unes des autres, pour donner davantage de relief à ce diorama.
Mais dans l'ensemble, les moyens mis a contribution sont modestes. On se trouve devant un décor de papier, et on ne quitte pas l'univers du livre.
Dans cette salle, le fond de scène est prévu pour être déplacé, à l'opposé de la pièce. Pendant le festival, l'accès à cet espace se fait depuis la rue,
mais ensuite, le public y entrera en passant derrière l'accueil d'Una Volta.
*
Tableau 2 - Plein jour
Deux arcades plus loin,
on accède à une nouvelle salle.
Celle-ci est très différente de la précédente. La lumière y est plus éclatante, plus solaire. Une longue route
s'étire jusqu'au lointain. Sur cette surface sont marouflées des reproductions de planches ou de vignettes, éparpillées le long de la route, comme
si un voyageur avait effeuillé un carton à dessin, au fil de sa progression. Les reproductions rétrécissent graduellement vers le lointain.
Visuellement, la perspective est aussi accentuée grâce aux lignes fuyantes qui s'organisent autour d'un point focal, à l'horizon. Le ciel
cadré par le mur du fond est lumineux, car rétro-éclairé. Ce grand aplat teinte l'atmosphère de toute la salle. Il est obtenu au moyen de
faisceaux lumineux colorés, et de gobos aux formes simples (disque solaire, par exemple).
Le long des murs, les cadres sont accrochés,
et semblent ainsi en lévitation, au premier plan des lignes de crêtes. Certains encadrements sont en partie masqués par les arêtes des collines,
ce qui les situe virtuellement en arrière-plan.
Ça et là dans la pièce, des supports d'accrochage et d'affichage se dressent entre le visiteur
et l'horizon, en restant suffisamment de côté pour ne pas obstruer la perspective.
Au sol, la route est figurée par un large aplat noir,
dont l'aspect mat rappelle celui des papiers qui recouvrent les murs.
Audio : Bruits de véhicules qui passent sur la route (moteur et pneumatiques).
Soit au premier plan, soit plus éloignés. Les plages de silence sont, peut-être, occupées par des sons naturels (vent, oiseaux; clocher...).
*
Tableau 3 - Le motel
La troisième arcade abrite une scène bien différente des deux précédentes. Immédiatement en face de l'entrée,
un large aplat lumineux inonde la salle de couleurs, le bleu succédant au rose, comme le ferait une enseigne en tubes néons.
Pour cette troisième étape, on se trouve en bord de route. Celle-ci n'est pas directement incluse dans la scène, mais le lieu décrit l'évoque en creux,
tant il est lié à l'univers automobile.
Sur la droite, l'escalier de la salle est libre d'accès, mais condamné à hauteur du palier à mi-étage.
On peut s'y aventurer, comme on risquerait un oeil dans l'embrasure d'un établissement un peu louche.
Les planches de BD sont présentées sur
les pourtour de la salle : A droite, le mur-cimaise est de couleur sombre ; à gauche on retrouve le principe des papiers déchirés et contrecollés sur le mur.
Le clignotement bicolore est obtenu grâce à une vidéoprojection (rétroprojection), ce qui permet d'ajouter l'image d'une enseigne lumineuse de motel aux fonds en aplat.
Quelques images extraites des albums pourraient également être incorporées à cette projection.
Audio > Jukebox nasillard, ou radio (haut parleur extérieur)
Audio > bruit de pluie
Audio > passage d'un véhicule sur route mouillée
Vidéoprojection > gouttes de pluie devant un faisceau lumineux