Raphaël Lerays

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Raphaël Lerays
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CHÂTEAU D'OUDON - SCÉNOGRAPHIE

(En colaboration avec Hélène Charron)

(Projet abandonné)



Le temps du château, 1 : Le théâtre mécanique

En même temps que le public progresse dans l’enceinte du château, ce mécanisme raconte l’accès au donjon, avec les trois étapes qui filtraient les visiteurs : Les deux tours de guet, la palissade formant seconde enceinte fortifiée, et la passerelle enjambant la chemise du donjon. C’est un temps assez court, mais qui campe le décor: c’est bien une place forte que le public est invité à explorer.

Manipulation / mécanisme : On actionne le mécanisme au moyen d’une manivelle, ou d’une pédale type machine Singer. Le geste est très démultiplié, il faut effectuer un bon nombre de tours avant d’avoir vu le déroulement complet du cadran mais la manipulation se fait sans effort.


Le temps du château, 2 : le carrousel panoramique

La seconde partie de ce diptyque simule un “mouvement de caméra” circulaire centré sur le donjon. En manipulant les manivelles, on met en rotation les couronnes concentriques, comme si l’on tournait autour du site... Cette “horloge” ne décrit pas à proprement parler de déroulement temporel; elle montre plutôt l’état des lieux du site, à un instant singulier. Comme le ferait une carte ou une table d’orientation. Les graduations lisibles sur le “cadran” sont d’ailleurs des indications géographiques (les points cardinaux, les principales directions, les frontières...).


Le temps d’un jour

Cette horloge se présente comme une série de petits cadres, disposés sur une colonne hélicoïdale. Chaque face de la colonne correspond à une portion de journée, par tranche de trois heures. Chaque niveau de la colonne est habité par un personnage. En tournant autour de la colonne, on peut lire, comme sur une frise en hélice, le déroulement d’une journée “type” de chaque personne.
Le découpage du temps est exposé pour une journée d’équinox: le jour et la nuit ont exactement la même durée.

Manipulation / mécanisme : L’automate. Le système s’actionne au moyen de petites manivelles qui, entraînant l’arbre principal, mettent en mouvement une série de bielles, sur lesquelles sont fixées des figures faisant irruption dans certaines boites.


Le temps d'une année

Cette machine, si on la comparait à une horloge, égrènerait les mois et les saisons au lieu des heures. Le temps décrit ici est celui qui rythmait les ans au XIV° siècle en Europe occidentale.
La machine a quatre faces, une par saison. Ce découpage était assez courant dans certaines séries d’images du moyen âge, par exemple dans les livres d’Heures. Une même scène est représentée quatre fois. Les différences entre chaque face renseignent sur les activités, fêtes, rendez-vous... qui scandaient la vie d’alors dans la région de Nantes.

Manipulation, mécanisme - Les jacquemarts. Cette machine est animée de figurines qui la traversent de part en part, sortent d’une porte pour entrer l’instant d’après dans une autre... Comme certains jacquemarts semblant faire la ronde autour des clochers.
En actionnant une manivelle, on met un mécanisme en rotation, et les décors sont parcourus par des personnages ou des formes... Le principe des jacquemarts était notamment, lors du développement des horloges “profanes”, d’attirer l’attention du badaud, pour qu’il s’attarde à considérer le spectacle édifiant qui lui était proposé.


Le temps de la vie

Ce dispositif décrit le temps de la vie terrestre, temps qui n’est pas, pour l’homme médiéval occidental, perçu comme cyclique mais linéaire, en ce sens qu’il tend vers un but, une finalité: La mort de l’enveloppe charnelle. Ensuite viendront la résurrection ou la damnation. Chaque existence semble tendue vers l’une ou l’autre de ces perspectives.
La forme du sablier est alors pertinente pour évoquer ce déroulement de la vie, qui tient de l’aller simple, de l’écoulement.
La destinée décrite par ce sablier est à la fois intéressante à suivre et réaliste quant à son tracé, elle part de faits historiques très documentés en les romançant légèrement.
L’écoulement du sable irrigue la structure, affleurant ça et là, animant au passage de petites scènes. L’aspect irrémédiable de l’écoulement et de son épuisement est nuancé par les différents chemins que prend le sable à l’intérieur de la machine, qui semble laisser place à l’imprévu, au hasard, à la surprise...


Le temps du monde

C’est un très grand cadran. En se tenant devant, le public peut avoir l’impression d’un véritable cadran d’horloge urbaine, qui aurait été descendu de son clocher ou beffroi pour être accroché à hauteur d’homme, sur un châssis métallique. Le temps décrit par cette horloge est très complexe, car la conception symbolique du cosmos et de la création divine dans sons ensemble était elle-même très complexe...
Les cercles concentriques alignent entre eux les temps pour lesquels les érudits médiévaux cherchaient des correspondances, des résonances, pour ordonner l’ensemble dans une harmonie des nombres universelle...
Il n’y a aucun graphisme hors du disque du cadran. La pensée symbolique prétendait englober tout le savoir humain dans ses corrélations chiffrées.

Manipulation, mécanisme - L’horloge astronomique. Le public ne manipule pas cette horloge (l’homme n’a pas prise sur la “mécanique divine” du monde). Mais le cadran ne parait pas inerte: de petits mouvements viennent l’animer. Le modèle de leur mise en oeuvre est celui des horloges astronomiques, dont les cadrans parfois très complexes étaient agrémentés de figures et de dessins tournant derrière de petites ouvertures, comme les indications nombreuses d’un grand tableau de bord...